Maternité de Glo Djigbé, un arrondissement de 14 communes, dont le village Glo Yêkon où nous sommes depuis 10 jours.
Tout frais sorti du ventre de sa mère, le bébé auquel nous avons rendu visite cet après-midi est encore sans prénom à l’heure où vous lisez ces lignes. Il est né il y a quelques heures et déjà nous craignons pour sa vie. Non pas qu’il soit atteint d’une quelconque malformation ou d’une maladie grave, tout au contraire, ce petit bébé aux rondeurs encore peu fermes respire la santé. Son lieu de début de vie est par contre un endroit où le mot « hygiène » n’a pas trouvé sa place, et encore moins son sens. Les bénévoles ont avec nous visité les locaux : le centre de santé, dispensaire vétuste, qui ne comprend que deux pièces et trois lits, un lavabo des plus rustiques, un bureau de consultation et un gros cube qui sert de réfrigérateur où sont stockés les vaccins. On y vient soigner ses blessures, son paludisme, sa pneumonie, nous dit l’infirmière.
Un peu plus loin, la pharmacie aux rayons vides. Vient ensuite la maternité qui nous accueille la porte grande ouverte, charnière cassée. Là, 15 lits en rangée ou le long du mur, revêtu d’un tissu synthétique qu’on appelle communément « skaï », pour beaucoup percés. Au sol, du béton lissé mais aussi cassé : un trou béant qui n’attend qu’une cheville distraite pour la tordre, une jeune maman occupée à bien tenir son bébé pour la faire trébucher. Les fenêtres sont toutes sans exception dépourvues de grillage anti-moustiques, dans un pays où la malaria guette, répandue par des moustiques anophèles particulièrement agressifs à la tombée de la nuit. Cela tombe mal car ce soir, ce nouveau-né du 14 juillet ne sera pas protégé : la porte branlante et les ouvertures des fenêtres des 4 coins de cette chambre unique donnent libre accès aux prédateurs qui se presseront pour piquer de leur dard sa tendre peau.
Choquées, nous avons pressé les jeunes hommes de l’association que nous soutenons, l’Association des Jeunes pour le Développement de Glo Djigbé pour qu’ils entreprennent sur-le-champ le remplacement de la charnière afin de refermer la porte d’entrée de la maternité. Nous avons profité de cette occasion pour nous rendre auprès du Chef d’Arrondissement, le CA récemment réélu, parent d’un de nos élèves ici à l’Ecole Sainte-Marcelline. Les présentations faites, il a approuvé notre engagement et remercié l’ensemble des bénévoles de MSF Lausanne et de Stella Maris pour le soutien que nous lui apportons. Encore sous le choc de ce que nous venions de découvrir, nous lui avons fait part de notre émotion et avons lancé un appel à lui et son équipe qui l’entourait pour remédier au plus vite à l’urgence de la situation des femmes et nouveau-nés de la maternité qui se trouve à 50 mètres de son domicile. Son approbation nous a soulagées. Ils seront au rendez-vous demain matin à 9 heures avec nos élèves-bénévoles pour préparer le ciment et réparer le sol, poser des grillages et les moustiquaires spontanément offerts par Sœur Clarice. Il leur suffira de traverser la « voie » comme ils appellent l’axe routier qui les relie à Cotonou.
Ce geste restera lui aussi dérisoire mais essentiel. Nous sommes conscients de la nécessité d’agir vite et sur le long terme. Vittoria, médecin et bénévole de Stella Maris elle non plus n’a pas caché son émotion et réfléchit à un projet d’aide. Déjà les membres de sa famille (dont le papa est gynécologue, le frère urologue) et quelques-uns de ses collègues l’avaient envoyée en éclaireur. Elle a désormais trouvé sa mission. Mais elle sait qu’elle et son équipe auront besoin de soutien financier. Notre partenariat dans ce premier projet à l’Ecole Sainte-Marcelline vient de trouver une nouvelle forme. Nous allons ensemble élaborer un projet d’aide médicale pour Glo Djigbé.
A chaud, et par conviction, nous vous lançons donc cet appel aux dons pour dans l’urgence offrir des conditions de vie dignes au « Bébé du 14 Juillet ». Nous reviendrons vers vous en septembre pour vous raconter comment notre premier petit geste de ce soir et de demain auront contribué à protéger la vie de ces petites créatures humaines si fragiles.
Fin de journée sportive : nos petits singes-bénévoles n’ont rien perdu de leur énergie. La perspective de l’action humanitaire de demain leur a donné des ailes, les voilà qui grimpent au ciel…
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