Les bénévoles sont si autonomes qu’Estelle et moi-même sommes assez disponibles pour nous impliquer dans l’enseignement des mathématiques, du Français Langue Etrangère et de l’anglais. L’objectif est de proposer un enseignement moins frontal, plus interactif. Nous trouvons en la personne de Maître Germain le parfait candidat à l’innovation. Déjà, sa classe de 6ème représente une exception car seul lui a préféré installer tables et chaises de telle manière que les deux moitiés de classes se font face. Le Maître n’est pas le premier centre d’intérêt, l’échange prime.
L’heure d’anglais est une pure improvisation. Free-style, comme dirait Christophe et Tony qui m’accompagnent. Nous savons que la classe vient de découvrir la langue anglaise et qu’une révision de ce qu’ils ont abordé depuis septembre dernier serait la bienvenue. On nous donne carte blanche. Gros blanc pour commencer. Puis improvisation. What about the alphabet ? Ay, Bi, Ci, Di et c’est parti. And now ? What’s your name ? How do you spell it ? L’heure passe, Tony se démène, Christophe poursuit son marathon et impose un test de vocabulaire. Petite revanche de l’apprenant qui désormais enseigne ? En tout cas, les élèves apprécient.
L’heure de Français Langue Etrangère est, elle, préparée, le but étant de montrer une des utilisations didactiques de l’informatique. Exploitant mon expérience de professeur de FLE longue de 18
ans, je propose à Maître Nicodème la révision de l’accord du participe passé avec le verbe avoir. Projecteur, ordinateur et baffles sont installés. Présentation PowerPoint à l’appui, les élèves
procèdent à une lecture en chœur de la règle. Très vite, nous passons à l’application en travaillant tous ensemble sur un exemple, puis un deuxième. Ensuite, les enfants sont amenés à travailler
individuellement, nous corrigeons les phrases une à une. Le rythme est soutenu, l’ordinateur nous permet de faire défiler les réponses instantanément, sans nous faire perdre le fil de notre
travail. La couleur facilite la lecture des verbes et le repérage du point de grammaire. Les étapes suivantes
sont plus ludiques : compétition de groupe, à qui aura le plus de bonnes réponses et donc de points ; compétition globale, quel groupe aura le premier écrit trois phrases à partir
d’informations données. Le premier groupe récolte tant de louanges que tous redoublent d’efforts pour faire au moins aussi bien. Ils coopèrent et s’appliquent, corrigent les phrases de leurs
partenaires et lèvent le doigt pour enfin recevoir ce qui leur est dû : le compliment !
L’heure de mathématiques : d’emblée, Estelle a une manière très ludique d’aborder les opérations. Dés en main, elle rappelle en quoi consistent l’addition, la soustraction, la multiplication et la division. Les dés roulent, et bientôt la compétition commence. Qui parviendra à obtenir le chiffre-cible en utilisant les 4 opérations sachant que la division rapporte le plus de points ? Les neurones, les cerveaux fument, les futurs Einstein sont concentrés. C’en est impressionnant !
Estelle et moi nous proposons demain de faire une leçon d’anglais et de FLE au CM2 avec ordinateur et projecteur à l'appui. Plus tôt les élèves seront familiarisés avec l’outil informatique, plus aisé sera leur apprentissage des nouvelles technologies. Ce que nous soupçonnions, Maître Germain nous l’a confirmé : en arrivant à l’université, les nouveaux étudiants sont confrontés à une nouvelle barrière linguistique : le langage informatique. N’ayant pour beaucoup jamais été familiarisés avec l’ordinateur, les élèves béninois ayant la chance d’accéder à l’université sont désavantagés. Marcellines Sans Frontières Lausanne aimerait remédier à cette lacune. Cette première approche sur le terrain nous permettra de concevoir un projet qui englobera un investissement en matériel informatique et en formation professionnelle du corps enseignant.
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